Deuil dans le monde musical béninois : Eskill Lohento n’est plus
Un autre baobab vient de tomber. Eskill Lohento, l’un des vétérans de la musique béninoise n’est plus. Il a rendu l’âme, des suites d’une courte maladie, le vendredi 10 novembre 2006 à son domicile à Gbégamey. Compagnon fidèle de Clément Mèlomé, Eskill Lohento a été de tous les combats de l’orchestre « Tout Puissant Poly Rythmo » dont il est le vocaliste principal.Il a partagé les moments de gloire, d’apothéose et de morosité de cet orchestre. Né en 1951 à Cotonou, il fut très tôt orphelin de mère à l’âge de dix ans. Faute de soutien, le jeune Eskill s’adonne à la musique pour se maintenir. Découvert par l’accordéoniste Clément Mèlomé, il a commencé par s’illustrer en 1964. Sa participation active à l’émission récréative des enfants sur la radio Dahomey, l’actuelle radio nationale, avec Cécile Robert, l’a révélé au public. En 1965, il intégra le groupe « Sunny Black Band » de Crépin Wallace. Et ce fut le début d’une aventure sans fin qui a fait de lui, un rossignol de la chanson béninoise des années 60 et 70. Succession de compositions, d’interprétation et de sorties sur scène dans les différents night-clubs de Cotonou dont « la canne à sucre », ont fait de Eskill un artiste populaire. Malgré sa première composition « Gbèminho » en 1965, c’est plutôt avec la chanson « Agbaza min mè » que Eskill a connu un franc succès à partir de 1977, après le festival « Festac » de Lagos au Nigeria avec le « Tout puissant Poly Rythmo ». Entre 1978 et 1980, ce chanteur béninois donnait des sueurs froides à Johnny Hallyday quand il interpréta sa chanson « Le Pénitencier ». « Quand je chantais le Pénitencier Johnny me donnait de l’argent », confia-t-il. Une chose est sûre, sa voix a bercé beaucoup de mélomanes et lui a valu l’estime de bon nombre d’artistes de la chanson française de l’époque. On se rappelle encore ses interprétations en fon de la chanson « le film est triste » et qui a donné le célèbre morceau « Nini ». Eskill Lohento en chiffre, c’est une quinzaine de compositions, plusieurs grandes apparitions sur scène au Bénin, en Afrique et au Cuba. A 55 ans, il dit n’avoir pas encore dit son dernier mot : « Tout puissant Poly Rythmo » n’est pas mort et on n’a pas fini de chanter », a souvent dit Eskill Lohento. Aujourd’hui il n’est plus des nôtres, mais ses œuvres continueront à bercer beaucoup des Béninois. Marié, Eskill Lohento laisse derrière lui neuf enfants dont deux filles.
Auteur : Foulératou A. Yacoubou, Quotidien Le Matinal
Source : Par Le Matinal