Funk et Sato – Orchestre Poly-Rythmo De Cotonou – “The Vodoun Effect. Vol.1 1972-1975”
Un article publié sur le site de la télévision européenne Arte, par Matthias Schneider, à propos du CD compilation “The Vodoun Effect. Vol.1 1972-1975” de Poly Rythmo sorti fin 2008.
— Début —
Funk et Sato – Orchestre Poly-Rythmo De Cotonou – “The Vodoun Effect. Vol.1 1972-1975”
Entre 1970 et 1983, l’Orchestre Poly-Rythmo De Cotonou a enregistré plus de 500 chansons. Pour la première fois, son génial afrobeat est disponible en dehors du Bénin.
Samy Ben Redjeb voyage régulièrement en Afrique en quête de la perle musicale. DJ et propriétaire d’une maison de disques, il s’intéresse principalement à l’afrobeat et à l’afrofunk des années 60 et 70, styles musicaux encore peu ou pas représentés dans les pays occidentaux. C’est surtout au Bénin que la récolte a été la plus prometteuse, puisque c’est là, dans un entrepôt de vinyles, qu’il a débusqué l’excellente matière première pour la compilation « African Scream Contest » (chronique du 23 septembre 2008). Tandis que l’Ouest est, comme à son habitude, occupé à exploiter la culture africaine, le propriétaire du label de Francfort prend contact avec des musiciens du coin et acquiert les droits de leurs chansons. Samy Ben Redjeb réalise de longues interviews qui figurent en anglais sur les volumineux livrets abondamment illustrés. Le récit des recherches de ce passionné de musique se lit d’un trait. Le coffret richement décoré (et dont le design a été récompensé) qui sort chez Analog Africa est bien plus qu’une réédition de musiques africaines, c’est l’expression d’une culture musicale presque oubliée à force d’être ignorée.
Le quatrième volet de la série éditée par Analog Africa est consacré au légendaire Orchestre Poly-Rythmo De Cotonou. Sur « The Vodoun Effect. Vol.1 », on peut entendre des enregistrements réalisés entre 1972 et 1975 et édités par divers petits labels (principalement béninois) à 1 000 exemplaires au maximum. En découvrant les enregistrements du groupe d’afrobeat, Samy Ben Redjeb était immédiatement fasciné par le jeu original du batteur. En Occident, le sato – style musical qui reprend la rythmique vaudou – est presque totalement méconnu. Dans cette religion animiste, les danseurs entrent en transe au son d’une musique polyrythmique complexe et mettent ainsi en relation les mondes spirituel et terrestre. L’Orchestre modifie le sato et l’enrichit d’éléments de jazz, de latin et de funk. En mariant rythmes traditionnels et guitare électrique, batterie et orgue, ces Béninois établissent la parenté entre le funk occidental des années 70 et ses origines africaines. On est d’autant plus surpris de la qualité sonore quand on réalise que les enregistrements ont été réalisés sans overdubbing, dans un salon, avec deux micros : un pour le chant, un pour les instruments et les chœurs. Ce procédé confère à chaque chanson une sensibilité particulière et fascinante.
Analog Africa offre à l’auditeur un échantillon d’une culture musicale à la fois révolue et intemporelle, actuelle et primitive, qui nous est étrangère et pourtant nous parle. Le graphisme original de la compilation et le choix ingénieux des titres font de la compilation un petit bijou du genre. On ne peut qu’attendre avec hâte la sortie de l’album de l’Orchestre Poly-Rythmo De Cotonou et espérer ardemment qu’Analog Africa découvre d’autres trésors.
Matthias Schneider , publié le 24 février 2009
— – fin —
Source : -http://www.arte.tv/fr/Echappees-culturelles/2468600.html
(Article mis en ligne en mars 2009)