Gbeti Madjro
Editorial du 29 mai 2018 de Benin24Television.com par Titus FOLLY.
L’orchestre ‘’Tout-puissant Poly-rythmo’’. A l’évocation du nom de ce groupe emblématique du Bénin, j’ai toujours eu à l’instar de mes compatriotes, le même plaisir et la même émotion. A l’occasion de la commémoration de leurs noces d’or, l’exercice de l’éditorial du jour sera consacré à ce groupe musical.
A travers les âges et les générations, il y a des groupes dont la chronique du répertoire est pathétique. C’est le cas de l’orchestre ‘’Tout-puissant Poly-rythmo’’. Qu’est-ce qui a fait sa force ?
C’est d’abord son angora. En effet, cet orchestre a proposé une musique puissante mixée avec bonheur à partir d’un tapis de percussions. De ce fait, on a une musique qui mélange des influences de l’afrobeat, du funk, de la salsa, du soukous avec des rythmes traditionnels vaudous du Bénin. Il s’agissait de prendre ce qui a de meilleur chez les autres et de l’adapter à notre authenticité béninoise.
Ensuite, il y a la philosophie des pères fondateurs. Ici, il s’agit de valoriser un groupe et non des individualités. Quand Clément Mélomè, le maestro a eu l’idée de porter sur les fonts baptismaux cet orchestre, ses associés comme des passionnés et des chœurs exaltés ont accepté la ligne de conduite et ont su la garder comme une torche éruptive. C’est ainsi que Eskill Lohento, François Houéssou, Vincent Ahéhéhinnou, Pierre Loko, Gustave Bentho… ont su privilégier un collectif et non des individualités. Et les talents de musiciens n’ont d’égal que leur foi et leur amour pour la musique. Le Poly-Rythmo a été construit sur un esprit d’équipe, où il n’y a pas eu de vedette en solo. Conséquence, ils étaient des ‘’Beatles’’ qui n’ont pas primé le succès lié à chaque dignitaire.
Mieux, ce collectif a su aller à l’école des grands. Je peux citer James Brown, Johnny Hallyday, Richard Anthony sans oublier la pétulance de Jimi Hendrix à la guitare. Feu Papillon, le talentueux guitariste en a d’ailleurs fait sa source d’inspiration. Avec cette logique principielle, la suite, on l’a connu.
Poly, durant 50 ans, c’est du talent pur. C’est un véritable régal et un voyage dans le temps qui ne faiblit pas avec les années. Des ondes courtes d’alors aux FM d’aujourd’hui, Poly a fait la loi. Des 45 et 33 tours d’antan au CD de nos décades, Poly est rentré dans les annales du patrimoine africain et mondial. Résultat, cet orchestre laissera à la postérité, un répertoire de plus de 500 chansons dont le mythique ‘’ ‘’Gbeti Madjro’’ qui intitule mon éditorial du jour.
Poly, c’est la dextérité de varier la voix selon les besoins du morceau. C’est la capacité de faire frémir l’auditeur de plaisir à travers des sujets de la vie de tous les jours teintés d’émotions avec à la clé, des prestations vocales de haut vol. Et il est rare de voir l’une de ses compositions musicales ressembler en apparence à un morceau déjà entendu.
Poly, c’est des relations fusionnelles avec son public. Pour s’en convaincre, il suffit d’apprécier l’enthousiasme débordant qui précède leurs concerts. C’est le cas à Cotonou à l’ancien Hall des sports, ‘’Chez Dédé’’, à l’hôtel ‘’Miva’’, au palais des sports de Kouhounou. Les autres lieux du Bénin ne sont pas en reste. A Porto-Novo, on a le motel ‘’Venus’’, ‘’Zama-Hara’’, la Maison internationale de la culture sans oublier les autres villes du Bénin.
Poly, à ses concerts, les morceaux mémorables sont repris avec une chorégraphie simple mais envoutante. La dextérité de varier la voix selon les besoins du morceau fait frémir le spectateur de plaisir. Quand Poly est dans la place, on a de quoi mettre du plaisir sous la dent. Et le mélomane qui s’est déplacé doit constater la cicatrisation des blessures morales.
Poly, c’est la capacité d’accompagner toutes les stars de la musique qui ont fait un tour à Cotonou. C’est le cas avec l’orchestra ‘’Aragon’’ avec Johnny Pacheco.
Poly, c’est la fierté de représenter le Bénin à l’étranger comme au Festac en 1977 à Lagos (Nigeria) avec le morceau culte ‘’Festival, festival’’. Grâce à son répertoire, cet orchestre est très populaire sur l’échiquier africain et international, On peut citer la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Togo, le Cameroun, le Gabon, la France, la Belgique…
Poly, c’est la prédisposition à s’assurer des conditions techniques optimales pour faire du bon travail. C’est ainsi qu’il a adopté le studio Satel de Cotonou, de même que les studios ‘’Emi’’ de Fela et ‘’Albarika Store’’ tous à Lagos.
Au regard de ce parcours très élogieux, la génération montante des artistes, génération partisane du moindre effort, est tenue de changer ses clavecins. Car au lieu de chanter, elle ne fait qu’ânonner sur nos ondes, A part certains qui sont dans le vécu musical à l’instar des acteurs de Poly, les autres ont besoin d’un regard triomphant.
Pour finir, que ceux qui parmi les pères fondateurs sont désormais à l’Eucharistie éternelle dorment davantage du sommeil des justes. Quant aux autres qui sont avec nous, qu’ils reçoivent ce modeste témoignage en guise de gratitudes pour tes loyaux services rendus au nom de la République.
Auteur : Titus Folly
Date: 29 mai 2018
Source : Benin24Television